La sophrologie auprès des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer est une pathologie neurodégénérative qui entraîne une altération progressive de la mémoire, des capacités cognitives et de l’autonomie. Face à ces bouleversements, les malades et leurs proches recherchent des approches complémentaires qui favorisent le bien-être, apaisent l’anxiété et maintiennent une qualité de vie malgré l’évolution de la maladie. La sophrologie s’inscrit pleinement dans cette démarche d’accompagnement non médicamenteux.

La sophrologie : une méthode douce et adaptée

Créée dans les années 1960 par le neuropsychiatre Alfonso Caycedo, la sophrologie combine des techniques de respiration, de relaxation musculaire et de visualisation positive. Son objectif est de rétablir un équilibre entre le corps et l’esprit, en renforçant les ressources intérieures de chaque individu. Avec les personnes atteintes d’Alzheimer, la sophrologie ne vise pas la guérison de la maladie, mais un mieux-être au quotidien, en apportant des moments de détente, de sécurité intérieure et de présence à soi.

Les bienfaits de la sophrologie pour les personnes Alzheimer:

1. Réduction de l’anxiété et de l’agitation. Les exercices de respirations et de relaxation permettent de calmer les tensions et d’apaiser l’anxiété, fréquente chez les personnes atteintes d’Alzheimer.

2. Stimulation sensorielle et cognitive. Les pratiques mobilisant l’imaginaire, la respiration consciente ou l’écoute corporelle renforcent le lien à l’instant présent et stimulent les sens. Cela peut aider à ralentir le repli et à maintenir une certaine vivacité mentale.

3. Renforcement de la confiance et de l’estime de soi. Dans un contexte où la perte de repères fragilise la personne, les séances de sophrologie valorisent ce qui reste possible, plutôt que ce qui est perdu.

4. Amélioration du sommeil. La relaxation guidée peut contribuer à diminuer les insomnies et les réveils nocturnes, fréquents dans la maladie. Un sommeil plus réparateur favorise une meilleure qualité de vie au quotidien.

   
   

Une pratique à adapter en douceur

L’accompagnement sophrologique auprès des personnes Alzheimer nécessite des ajustements spécifiques :

• Des séances plus courtes, avec des consignes simples et répétées.

• Une utilisation privilégiée des exercices corporels et respiratoires, faciles à reproduire.

• La répétition des mêmes protocoles afin de créer des repères sécurisants.

Le sophrologue s’appuie sur la sensibilité et la réceptivité de la personne, plutôt que sur ses capacités cognitives, afin de privilégier la détente et le vécu de l’instant présent.

Mon expérience auprès d’un EHPAD hospitalier

En tant que sophrologue, j’interviens régulièrement au sein d’un hôpital, dans l’unité EHPAD accueillant des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ces rencontres sont des moments riches d’humanité et d’apprentissage.

Chaque séance est pensée pour s’adapter aux capacités et au rythme des résidents. Les exercices sont simples, accessibles et centrés sur la respiration, le relâchement corporel et la détente. Ce qui me frappe le plus, c’est la manière dont la sophrologie, même dans des formes très allégées, parvient à apaiser les tensions et à redonner un sourire, un moment de présence ou un instant de calme.

J’ai pu observer que certains résidents, pourtant souvent repliés sur eux-mêmes, retrouvent parfois une ouverture, une capacité à se reconnecter à leurs sensations, voire à échanger un mot ou un regard.

Exemple d’une séance de sophrologie en EHPAD

Voici une illustration simple du déroulé d’une séance que je propose régulièrement auprès des résidents :

1. Accueil et installation. Les participants s’installent confortablement sur leur chaise, les pieds bien posés au sol. Je prends le temps d’expliquer avec des mots simples ce que nous allons faire : “Nous allons respirer doucement, nous détendre et passer un moment agréable ensemble.”

2. Respiration consciente. Je guide les résidents à poser une main sur leur ventre et à ressentir le mouvement naturel de la respiration. Ensemble, nous faisons quelques inspirations profondes, en insistant sur l’expiration qui relâche les tensions.

3. Détente corporelle douce. Par de petits mouvements simples , les participants prennent conscience de leur corps et relâchent les tensions musculaires.

4. Visualisation positive. J’invite ensuite à fermer les yeux (pour ceux qui le souhaitent) et à imaginer un lieu apaisant : un jardin, une plage, une lumière douce… Je décris ce paysage avec des images simples, laissant chacun se laisser porter.

5. Retour à l’instant présent. Nous terminons la séance en reprenant une respiration calme et en replaçant l’attention sur la salle, le contact des pieds au sol, le corps assis sur la chaise. Je propose aux résidents d’ouvrir les yeux doucement et de partager, s’ils le souhaitent, ce qu’ils ont ressenti.

Ces séances apportent un vrai moment de calme, de bienveillance et parfois même de joie.

Elles permettent aux résidents de s'évader, de se reconnecter à leur corps et se remémorer des souvenirs positifs. Enfin, elles permettent l'expression, et l'échange entre résidents et l'intervenant; ainsi que le sentiment d'être écouté.

Une approche complémentaire et humaine

La sophrologie ne remplace pas les traitements médicaux, mais elle s’intègre harmonieusement dans un accompagnement global. Elle contribue à préserver un espace de bien-être, de plaisir et d’humanité dans un parcours souvent marqué par la perte et l’angoisse.

En aidant les personnes atteintes d’Alzheimer à se reconnecter à leur corps, à leurs sensations et à des émotions positives, la sophrologie ouvre la porte à des instants de sérénité, à partager également avec les proches.